
Étudiantes en L3 Sciences de l’éducation, Morgane Corlay et Florine Verdes sont toutes les deux impliquées dans le dispositif d’aide à la prise de notes proposé par le Relais Handicap de l’Université Rennes 2 : l’une est rémunérée pour les prendre, quand l’autre en bénéficie. Interview croisée.
Comment avez-vous eu connaissance du dispositif d’aide à la prise de notes ?
Florine Verdes : Quand j’étais en troisième, on m’a diagnostiqué des troubles de mémoire immédiate, comme Dory dans Le monde de Némo [rires] ! J’ai bénéficié d’un tiers-temps au collège et au lycée. À la fac, je me suis rendu compte que c’était impossible de prendre des notes : le temps que j’écrive ce que vient de dire l’enseignant·e, j’ai oublié le début de la phrase et je n’arrive pas à écouter la suite. Une personne de ma classe transmettait ses cours systématiquement et c’est comme ça que j’ai découvert le Relais Handicap et le dispositif d’aide à la prise de notes. C’était un peu bizarre pour moi au début, je ne me sentais pas forcément légitime car je ne me considère pas comme une personne en situation de handicap, mais ça reste un handicap pour mes études et c’est nécessaire d’avoir une aide pour que je puisse suivre les cours.
Morgane Corlay : De mon côté, j’ai découvert via une amie en L1 qui était preneuse de notes. J’ai tenté aussi en me disant que je n’avais rien à perdre puisque ça ne change rien à ma prise de notes, et je transmets mes cours depuis.
Comment ça se passe concrètement ?
M. C. : Je me suis inscrite au dispositif en début d’année en indiquant tous les cours que je suivais, et j’ai donné un exemple de mes prises de notes. Ensuite après chaque cours, je mets le fichier sur une plateforme quand il est prêt, le plus souvent directement à la fin du cours magistral. Je n’ai pas besoin de retravailler le cours puisque je le structure au moment où je prends mes notes : je le mets en forme avec des tableaux et des couleurs, de la manière la plus claire pour moi et pour Florine. Et c’est tout. À la fin du semestre, je reçois une rémunération : c’est 11,43 euros brut pour 4 heures de cours pris en notes, donc par exemple l’année dernière j’ai gagné environ 400 euros net à la fin du second semestre. Honnêtement, je ne le fais pas pour l’argent, mais c’est toujours un plus quand on est étudiant·e.
J’ai aussi signé une charte d’engagement ; c’est très important de le faire sérieusement et jusqu’à la fin du semestre, parce que tu as un peu la scolarité d’une personne entre les mains.
F. V. : Je me suis aussi inscrite au dispositif en début d’année en précisant les cours dont j’avais besoin. Je vais en cours, et quelques jours après j’ai accès aux notes du cours sur Cursus.
Avez-vous des contacts l’une avec l’autre ?
M. C. : Florine m’a envoyé un message au début de l’année via Messenger pour me remercier, et on communique comme ça depuis, pour savoir si la prise de notes est adaptée. Mais le dispositif ne fonctionne pas forcément par binôme : je ne suis pas la seule à lui transmettre mes cours, et en L1 je les transmettais à plusieurs personnes.
Qu’est-ce que le dispositif apporte à vos études ?
F. V. : Cela m’aide énormément à réussir mon année. Je peux me concentrer pleinement sur les cours, alors qu’avant je n’arrivais pas à écouter et je stressais, je me demandais comment j’allais faire. J’avais des ami·e·s qui me donnaient leurs cours parfois mais là c’est beaucoup moins stressant ; je sais que Morgane est sérieuse donc je sais que j’aurai un cours à la fin. J’espère que je pourrais bénéficier de ce dispositif dans la suite des mes études, parce que même quand je préviens les enseignant·e·s en début d’année, ils·elles n’adaptent pas leurs cours pour autant, et ce n’est pas quelque chose que je peux régler.
M. C. : Cela me fait gagner du temps parce que je suis obligée d’être concise et claire dans ma prise de notes, c’est plus facile pour moi ensuite de travailler pour les partiels notamment. Et puis même si je suis très assidue, c’est une source de motivation supplémentaire pour aller en cours (non obligatoires par exemple) : je ne me permets pas d’avoir la flemme parce que si je manque un cours, je prive aussi Florine. Je pense que c’est bien pour les personnes qui ont du mal avec l’aspect très libre de la fac, là il y a un enjeu, un peu comme au lycée.
Le Relais Handicap m’a proposé de faire du soutien pédagogique à un étudiant de L1, donc je vais essayer si ça colle avec mon emploi du temps : je me dis que pour moi ce n’est pas grand chose, alors que les bénéfices sont énormes pour ceux et celles qui sont aidé·e·s.
Vous êtes intéressé·e pour devenir preneur·se de notes ou bénéficier du dispositif ? Contactez devu-aidenotes [at] univ-rennes2.fr